Le « Kärcher » ou l’inconscient raciste

 Candidate à la présidence de la République pour le compte des Républicains, Valérie Pécresse a annoncé son désir, si elle entre à l’Elysée, de « sortir le Kärcher de la cave » pour lutter contre l’insécurité. Ceux qui ont de la culture ou de la mémoire savent que l’expression fut celle de Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur, en 2005 - « Je vais nettoyer cette cité au Kärcher » -. Vieux tube de la politique donc, garantie du succès à droite, recyclé par la candidate à l’élection 2022.

J’ai évoqué lors d’une chronique télévisée le sentiment que provoquait chez moi l’utilisation de ce mot - Kärcher -  à propos d’une politique de sécurité. J’y vois l’expression d’un inconscient raciste, et d’ailleurs, cet inconscient me paraît l’être très peu pour beaucoup de ceux qui entendent, reçoivent et applaudissent le message. Cette évocation m’a valu des railleries: « il voit du racisme partout ». Je voudrais donc expliquer ceci, simplement, à ceux qui ne voient du racisme nulle part.

Le Kärcher est un outil de nettoyage, l’un des plus efficaces disent les spécialistes, de l’eau sous haute pression qui enlève tâches, impuretés, et permet aux éléments concernés de retrouver couleurs d’origine et pureté des débuts. Appliqué à la politique, on voit bien l’idée, si on a envie de la voir…

Qu’a dit précisément Valérie Pécresse, jeudi (6 janvier), lors de son déplacement dans le Vaucluse? Ceci:

« Il va falloir nettoyer tous ces quartiers qui sont devenus une zone de non droit, et parfois des zones de non France. » Il s’agit donc bien, sous la crasse et les saletés, de retrouver la France. Bien sûr, le racisme n’est pas exprimé directement. Il est sous jacent, flottant, pénétrant chaque centimètre carré de la psychologie collective, visible et audible par tous ceux qui ouvrent leurs yeux et leurs oreilles.

La généalogie de ce racisme est connue. En février 2010, Éric Zemmour, autre candidat à la présidence de la République, déclarait:

« La plupart des trafiquants sont noirs ou Arabes… C’est un fait. »

Dans la France des droits de l’homme et des bobos parisiens réunis, l’acte de délinquance n’engage que son auteur. Dans la France d’Eric Zemmour, la délinquance engage une communauté culturelle, ainsi que des gens qui n’ont pas la peau blanche.

Le match est là, difficile de le nier. Et pour en reparler, le Kärcher est invoqué dans la politique comme un objet mythique qui peut nettoyer la France.

Rappelons, puisque nous en sommes là, que la justice française, rendue au nom du peuple français, a sanctionné Éric Zemmour en 2011, ce qui fait de lui le premier postulant à l’Elysée condamné pour racisme. Un fait que tout le monde préfère oublier.

Freud a défini l’inconscient (je simplifie) comme un contournement de la censure (lapsus, rêves, actes manqués) que l’individu tente d’imposer à ses souvenirs refoulés. Je suis sûr que l’actuelle campagne électorale française l’aurait passionné. 

Commentaires

  1. Les banlieusards emploient eux mêmes ce langage
    Et on a toujours employé ce lexique pour la mafia blanche
    A ce compte là on pourrait dire que vous employez un lexique antisemite en comparant Zemmour à un virus
    Que ça parle à un certain électorat raciste est certain, mais réduire ça à ça ne serait que l'expression de vos névroses qui sont le miroir de celles de ces dits racistes

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  2. Le racisme est dans l'œil de celui qui le voit

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