Puisqu’hélas l’Ukraine et la Russie sont à la Une de l’actualité, il faut raconter cet épisode oublié de l’occident où la Russie joue le rôle du bourreau, et où l’Ukraine, déjà, est la victime.
Précision: ce qui suit est vrai, reconnu et authentifié par de multiples travaux universitaires, même si l’invraisemblance semble tisser ce récit.
Au début des années trente, Joseph Staline, livré à sa folie, affame l’Ukraine. Sans expliquer ses décisions, ni justifier sa politique, le dictateur soviétique prélève la totalité des récoltes de cette région de l’URSS et instaure la famine, entre 1931 et 1933, sur cette terre qui fut le berceau de l’âme slave. Des millions d’Ukrainiens meurent, cinq millions pour citer un ordre de grandeur généralement accepté, mais encore aujourd’hui controversé. D’épouvantables scènes de cannibalisme réduisent la population ukrainienne à un état de barbarie qu’elle n’avait jamais connu.
La presse américaine est la première, à l’époque, à relater cette monstruosité. Le New-York Times, notamment, publie plusieurs articles sur ce sujet au cours de l’année 1932. Mais la propagande soviétique nie les faits, tente de les discréditer en évoquant la malfaisance du capitalisme forcément odieux face au communisme évidemment radieux. En France, des journaux relaient les accusations de la presse anglo-saxonne tandis que le quotidien l’Humanité, organe du Parti communiste français, reprend la propagande stalinienne.
La France d’ailleurs se trouve associée à cette cruelle histoire. Pour faire pièce à une tragédie que la raison peine à expliquer, et qui suscite pour celà une forme d’incrédibilité à travers le monde occidental, le gouvernement soviétique imagine une parade machiavélique. Elle organise une visite à Moscou d’Edouard Herriot, grand homme politique de l’entre deux guerres, président du Parti radical, plusieurs fois ministre et président du Conseil de la Troisième République, maire de Lyon. Inquiet de la prise de pouvoir d’Hitler en Allemagne, celui ci prône un rapprochement avec l’éternelle Russie, même si elle se trouve désormais aux mains des Bolcheviques. Reçu au Kremlin en grande pompe à l’été 1933, il se voit proposer au bout de quelques jours de visiter l’Ukraine afin de constater par lui même la fausseté des récits des journaux américains.
La farce est sinistre, Édouard Herriot s’y prête. Depuis quelques semaines, dans plusieurs villages ukrainiens, des paysans et leurs familles ont eu la surprise de voir arriver des convois encadrés par des soldats de l’Armée rouge. Des vivres, des habits, des produits de première nécessité leur sont tout à coup livrés en abondance. Les habitats sont rénovés. Des villages à l’agonie retrouvent la vie. Les habitants ne comprennent pas cette mansuétude soudaine, pas plus qu’ils n’ont compris le vol des cultures et la violence qui ont précédé.
Un jour de l’été 1933, ces pauvres diables tirés de leur enfer voient passer un dignitaire européen qu’ils ne connaissent pas, costume ajusté et chapeau feutre, ventre proéminent, pipe au bec. La mise en scène stalinienne convainc Édouard Herriot que le pouvoir des Soviets est calomnié, les Ukrainiens croisés sur son chemin lui paraissant bien nourris et en bonne santé.
Transporté et choyé, manipulé et trompé, crédule et stupide, accomplissant là la pire action de sa vie politique, Édouard Herriot rentre à Paris et multiplie les entretiens avec la presse internationale. Il affirme que la région est belle, que les gens y sont heureux, et déconseille de croire les billevesées américaines. « J’ai traversé l’Ukraine, dit-il, eh bien je vous affirme que je l’ai vue tel un jardin en plein rendement. »
Son témoigne, à l’époque, éteint toute critique, décourage les témoignages, renvoie les Ukrainiens à leur malheur, laissé Staline à sa totale folie. On peut parler de complicité de génocide.
Pour cela, la honte aurait dû effacer le nom d’Edouard Herriot de notre mémoire collective. Des avenues, des rues, des écoles « Édouard-Herriot » témoignent aujourd’hui encore de notre méconnaissance de l’histoire. La psychologie française est trop sûre d’elle même pour céder jamais à la « cancel culture ».
Un livre de l’historien britannique Robert Conquest raconte cette tragédie de manière magistrale. Son titre: « Sanglantes moissons ».
Il a fallu des décennies pour qu’une reconnaissance officielle de cette famine soit établie. Les pays de l’Est lui ont donné le nom d’Holodomor, littéralement « les morts de faim ». Un jour de novembre commémore l’horreur dans une Ukraine que nous regardons comme russophile, mais qui sait dans sa conscience la brutalité dont est capable son grand voisin.
L’épisode contient des leçons valables aujourd’hui, en ce moment où la Russie menace l’Ukraine d’une action de guerre. La première nous rappelle la terrible violence dont est capable le pouvoir russe. La seconde nous renseigne sur la folie dont sont capables les résidents du Kremlin. La troisième doit nous ouvrir les yeux sur ces dirigeants politiques français (Le Pen, Mélenchon, Zemmour, Fillon, Mariani, etc…) toujours complaisants avec les dictateurs russes.
On peut dire à leur propos qu’ils sont les « Edouard Herriot » de notre temps en incarnant cet oubli des valeurs fondatrices de l’humanité.
Rien à ajouter, l'ignorance de ce qu'ont subit les peuples voisins des russes est dangereuse car elle laisse la place aux mensonges et à la propagande. Et il faut rappeler que Poutine veut écraser l'Ukraine pour la punir d'avoir choisi l'Europe et pour dire aux russes eux-mêmes : voyez ce qui arrive à ceux qui me défient. Ce type est fou.
RépondreSupprimerRidicule
RépondreSupprimerJe pensais que tu dénoncerais a le bellicisme américain, toi si enclin à défendre les musulmans, tu as visiblement oublié l'Irak.