Bertrand de la Chesnais, un drôle de général au service d’Eric Zemmour

 Sous la plume du journaliste Robin d’Angelo, le Journal du dimanche brosse aujourd’hui (19 décembre) le portrait du fraîchement nommé directeur de la campagne d’Eric Zemmour: Bertrand de La Chesnais.

Une photo surmonte l’article. Le visage plissé par les rides, le cheveu blanc coupé court, l’air contrarié d’un homme qui vient de découvrir le montant de ses impôts, confèrent au cliché une impressionnante impression de sévérité et d’autoritarisme. Il pourrait y avoir dans les jours qui viennent de la valse à quatre temps dans l’équipe Zemmour, et quelques baffes aussi. 

Bertrand de La Chesnais a 63 ans. Rien de grave. Il fut général, dans l’armée de terre. Désormais, il est à la retraite. Oh, retraite à la sauce militaire. Le voici, comme ses congénères, considéré par son institution en « disponibilité ». Ceci signifie qu’en cas d’invasion du territoire - par les Suisses? Les Luxembourgeois? - Bertrand de La Chesnais pourrait être rappelé dans l’armée active. En vrai, le risque est faible.

Ce statut, dit 2S (2ème section), remonte à 1839. Obsolète et dépassé par l’histoire, il demeure pourtant solide. Pourquoi? Parce qu’il justifie, en plus de la retraite, le versement d’une solde par l’Etat, c’est à dire par les contribuables, appelés aussi électeurs, ou citoyens.

Cette solde est d’un montant proche de 4000€. Par an? Non, par mois. On sait comment beurrer les tartines dans l’univers du képi. Petit souci: son versement s’accompagne du maintien du devoir de réserve inhérent à la carrière militaire. Bertrand de La Chesnais l’enfreint-iI en dirigeant la campagne d’un candidat à l’élection présidentielle? Il dit que non. De l’humour, sans doute. Accepterait-il d’en suspendre le versement le temps de la campagne? Il n’en dit rien. De la prudence, sans doute.

Le général, c’est son droit, a des idées. Il en expose une ou deux dans l’article du JDD.

Par exemple, il juge malvenu ce droit reconnu aux femmes depuis 1975 de pratiquer une interruption volontaire de grossesse. Le raisonnement est connu. Le corps des femmes ne leur appartient pas. Il est soit la propriété de la patrie, à qui il faut donner des enfants; soit la conséquence d’une décision divine qui dépasse, et de loin, les aspirations terrestres d’une femelle anonyme. À quelle branche de cet archaïsme se rattache Bertrand de La Chesnais? Hélas, il ne le précise pas.

En revanche, il s’affiche résolument moderne à propos de l’homosexualité. « J’ai des amis gay », assure-t-il, à la manière de e ceux qui, soupçonnés de racisme, assurent avoir des « amis noirs ». Et La Chesnais ajoute, à propos des homosexuel: « C’est un choix qui ne nous regarde pas. » 

Cette dernière phrase est stupide. L’homosexualité n’est pas un choix. Tous ceux qui ont des « amis » homosexuels le savent. C’est une attirance qui s’impose à un individu, qu’il peut assumer ou vivre difficilement, c’est selon, mais qui en aucun cas ne procède d’un libre arbitre. En savoir aussi peu sur ses contemporains est désolant. Et ce n’est pas au contact de son candidat qu’il en apprendra davantage. En effet, Eric Zemmour assure lui que l’homosexualité est le produit de la « féminisation de la société ». Une invention, une lubie, également désolante.

Enfin, le général La Chesnais évoque les valeurs qui portent son action . « Moi, dit-il, je sers le drapeau, et ce n’est pas le drapeau de la République, c’est le drapeau de la France. » Et il ajoute à ce propos : « La République n’est qu’un régime. » Sous-entendu: la France, elle, est éternelle;

La référence au drapeau n’est pas une anecdote. C’est une référence précise, inscrite dans l’histoire. Et c’est à elle que semble penser Bertrand de La Chesnais.

1870: le Second Empire vient de s’écrouler.

Monarchie ou République? La France hésite, les Français choisissent. Aux élections législatives de l’année suivante, ils expédient à la Chambre une large majorité de députés royalistes. La restauration devient possible. Charles X, roi balourd, a quitté le trône en 1830. Son petit fils, le comte de Chambord, peut le retrouver sous le nom de Henri V. Alors que tout paraît réglé, Chambord formule une exigence qui montre qu’il n’est pas plus futé que ne l’était son grand-père. Il exige, avant d’entrer à Versailles, que disparaisse le drapeau tricolore, et que reparaisse sur le toit le drapeau blanc de la royauté d’avant la Révolution de 1789.

Même les royalistes jugent cette exigence ridicule. Pour les Français de l’époque, les trois couleurs sont celles de la France. Revenir en arrière apparait impossible, inutile, provocant. Mais Chambord n’en démord pas. Il persiste et préfère finalement l’exil au pouvoir. C’est ainsi que la France est devenue républicaine.

Dissocier aujourd’hui, en 2021, le drapeau et la République renvoie à cet épisode. Pour Bertrand de La Chesnais, il existe une France éternelle, faite de lys et de blanc. Le tricolore apparemment l’indispose, comme la République.

Ainsi va le petit monde d’Eric Zemmour, coagulation de vieilleries et d’archaïsmes. Recette gagnante? Souvent, la France surprend le monde .



Commentaires

  1. Après les anathèmes, les procès !
    Tout est bon pour éviter d'avoir à faire face à Zemmour
    Car vous savez au fond avoir tort

    RépondreSupprimer
  2. Le brûlot ci-dessus n'est qu'un tissu d'imprécisions, d’inexactitudes, de bobards, d'imbécilités issues du cerveau d'un "anti militariste primaire". Au passage notons que la tension anxiogène qui monte aux frontières de l'Ukraine ne semble pas frapper outre mesure "Monœil 2022"!!

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

La conquête de l’Algérie par une armée criminelle: l’armée française

Tout ce que nous avons envie d’oublier sur l’Algérie française

J’ai vu un monstre