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Affichage des articles du décembre, 2021

L’essoufflement démocratique

  Pour la onzième fois au mois d’avril 2022, nous élirons nous mêmes, au suffrage universel, notre président de la République. Posons crûment la question: qui y croit encore? Bien sûr, nous irons voter, un peu plus ou un peu moins, ce n’est pas l’important. Ce qui a disparu c’est l’espoir, la confiance, le sentiment que les difficultés communes seront allégées, et l’angoisse qu’elles procurent diminuée, par l’action de ceux que le vote portera au pouvoir. Les problèmes de la société française sont connus. Ils sont anciens. Personne ne parvient à les régler. La souffrance des services publics nous afflige, le poids des impôts nous écrase. Tant d’impôts, et pourtant des déficits en croissance, une dette qui enfle. Il y a là une contradiction qui prouve la mauvaise gestion des deniers publics. A ceci, aussi vieux que l’Etat en France, s’ajoutent le défi climatique, la menace terroriste et, petit dernier introduit par la démagogie contemporaine, une trouille galopante de l’islam dont nous

Gisèle Halimi, une femme trop libre pour la France.

  Pour la France d’hier, et spécifiquement pour les hommes de la France d’hier, Gisèle Halimi fut une femme trop libre. Avocate, elle fit par sa seule parole du viol un crime. Militante, elle participa en première ligne au combat pour le droit à l’interruption volontaire de grossesse. Son action changea, change encore, la vie des femmes. Pour tout cela, elle aurait mérité, après sa mort, l’entrée au Panthéon. Les hommes d’aujourd’hui, effrayés par la liberté des femmes comme l’étaient les hommes d’hier, en ont décidé autrement. Culpabilisés quand même, les hommes d’aujourd’hui ont promis qu’un hommage national serait rendu à sa dépouille dans la Grande cour des Invalides. Généralement, cette reconnaissance suit la mort de près. Dans l’espèce, il fut dit que la cérémonie consécutive au décès survenu le 28 juillet 2020 serait organisée en janvier 2022. Un an et demi de distance. Cela parut beaucoup.  Les jours sont passés. Nous avons oublié. Mais la famille s’est souvenue. Elle raconte a

Florence Parly, ministre de la défense, pourrait-elle faire respecter la loi?

Je crois bien que tout le monde s’en moque, et c’est là le problème. Voici l’histoire.  La démocratie organise la défense de la Nation. Pour cela, elle confie la puissance du feu et le droit à la destruction à l’institution militaire. En retour, elle impose aux membres de cette institution un strict devoir de réserve. Un soldat, s’il est libre de ses opinions et de l’expression de celles ci dans un cercle personnel, ne peut pas participer à une aventure politique visant à la conquête, même pacifique, du pouvoir.  Cette notion est importante. Dans un système monarchique ou dans une dictature, l’armée est au service du pouvoir. Dans une démocratie, qui prend chez nous la forme républicaine, elle est au service de la Nation. La réserve de ses membres est donc essentielle. Elle ne peut souffrir d’aucune exception. En accepter une seule, c’est remettre en cause un principe fondamental de notre organisation politique. Sous cet angle simple à comprendre, et facile à partager pour tous les déf

Bertrand de la Chesnais, un drôle de général au service d’Eric Zemmour

  Sous la plume du journaliste Robin d’Angelo, le Journal du dimanche brosse aujourd’hui (19 décembre) le portrait du fraîchement nommé directeur de la campagne d’Eric Zemmour: Bertrand de La Chesnais. Une photo surmonte l’article. Le visage plissé par les rides, le cheveu blanc coupé court, l’air contrarié d’un homme qui vient de découvrir le montant de ses impôts, confèrent au cliché une impressionnante impression de sévérité et d’autoritarisme. Il pourrait y avoir dans les jours qui viennent de la valse à quatre temps dans l’équipe Zemmour, et quelques baffes aussi.  Bertrand de La Chesnais a 63 ans. Rien de grave. Il fut général, dans l’armée de terre. Désormais, il est à la retraite. Oh, retraite à la sauce militaire. Le voici, comme ses congénères, considéré par son institution en « disponibilité ». Ceci signifie qu’en cas d’invasion du territoire - par les Suisses? Les Luxembourgeois? - Bertrand de La Chesnais pourrait être rappelé dans l’armée active . En vrai, le risque est fa

Daenerys Targaryen, l’Imbrûlée; Christiane Taubira, l’Embrouillée

  Sur ma tablette, je visionne actuellement, et pour la troisième fois « Game of Thrones », fabuleuse création  télévisée sur le pouvoir, sa conquête et ses cruautés. La prétendante au trône qui lui a été volée, personnage lumineux et charismatique, s’appelle Daenerys Targaryen et parmi ses nombreux titres, ses partisans lui accordent celui de « l’Imbrulée », référence à une scène majeure où, plongée dans le feu avec des œufs de dragons, Daenerys Targaryen en sort indemne, sa peau blanche de blonde n’ayant en aucune manière souffert des flammes. Du cinéma, certes, mais du grand. Ce matin (samedi 18 décembre), toujours sur ma tablette, j’ai écouté ChristianeTaubira, l’ancienne ministre de la Justice, qui s’était déplacée jusqu’à Saint-Denis, la ville des Rois, pour appeler la gauche à l’union dans la perspective de la prochaine élection présidentielle. C’est en la regardant  et en l’écoutant, plongée dans la fournaise de la campagne électorale, que m’est venu à l’esprit le qualificatif

Eric Zemmour aime les fraises gariguettes

  Eric Zemmour n’est pas un homme politique comme les autres. Il est beaucoup plus drôle. Le voilà ce matin au micro de la matinale de France Inter qui, toutes narines pincées, l’accueille pour la première fois. Le candidat à l’élection présidentielle disserte sur l’immigration, assure qu’une fois à l’Elysée son objectif sera d’atteindre le zéro en la matière. Sauf que, il le révèle pour l’occasion, il y aura en la matière une exception. Voici au soupir près le propos d’Eric Zemmour, tenu ce matin (jeudi 16 décembre) vers 8h40: « J’ai discuté avec un producteur de fraises, des gariguettes.  Vous savez que… où peut-être vous ne savez pas [moi, je ne savais pas]… que j’adore les fraises gariguettes. Je parlais avec ce producteur. Il me disait qu’effectivement il faisait venir des Marocains car il n’arrive pas à avoir des Français [pour ramasser les gariguettes] Mais après, ils repartent. Ce sera la seule exception » pour faire venir des travailleurs étrangers. On pressent le bonheur des

Les confidences d’Anne Hidalgo

  Onze heures sont à peine passés, ce mardi 14 décembre. Dans l’hémicycle de l’Hôtel de Ville de Paris, les conseillers s’écharpent sur le budget. Pour les uns, il assure l’avenir. Pour les autres, il est « insincère », comprendre trafiqué, maquillé. La maire, Anne Hidalgo, a ouvert la discussion une heure plus tôt. Elle a aligné les chiffres - investissements, dette, etc… - en essayant de ne pas faire attention aux interpellations, réflexions, moqueries parfois, de ces opposants. A la fin, les élus de sa majorité ont applaudi. Plus tard, ils voteront. Ainsi va la vie municipale. Anne Hidalgo s’est éclipsée, laissant les commandes du navire à son premier-adjoint, Emmanuel Grégoire. Elle est assise sur l’un des fauteuils qui meublent l’espace de son immense bureau, à l’Hôtel de ville. Elle évoque certains des épisodes de l’histoire du pays, écrits entre ces murs. Elle est fière d’être la maire de Paris - tout à l’heure, un conseiller d’opposition, maire du XVIème, Francis Szpiner, conse

J’ai connu Claude Guéant

Claude Guéant est en prison. Depuis ce matin (13 décembre), il déjeune, dîne et dort à la Santé, la prison des prisons, la première que nous suggère l’esprit, la dernière dans l’enceinte de la capitale, l’une des plus anciennes puisque contemporaine du Second Empire, date d’inauguration: 1867, un bail.  J’ai connu Claude Guéant dans des fonctions qui ne permettaient pas de l’imaginer un jour dans ce lieu. En mai 2007, l’ancien directeur général de la politique nationale - DGPN dans le milieu, un acronyme qui en impose dans ce milieu -, ancien préfet, est devenu secrétaire général de l’Elysée. Cette époque est celle de Nicolas Sarkozy, nouveau président de la République. D’emblée, Claude Guéant apparaît comme l’homme fort du nouveau système, plus fort en tout cas que le premier ministre Fillon, qualifié de « collaborateur » par le nouveau président, aussi mauvais canalisateur de ses propos que de  son énergie. Le souvenir que m’a laissé le secrétaire général de ces années là est celui d

Si je pouvais, je voterais pour la Kanaky

  Quand ont est Français de France, c’est à dire être humain né sur le territoire métropolitain et y vivant, toute possession extérieure de la Nation, entendez par là une terre séparée par la mer, représente un motif de fierté. Polynésie, Guadeloupe, Martinique, Corse, Guyane, La Réunion, Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Barthélemy, Wallis-et-Futuna, Saint-Martin, flattent nos consciences, constituent la preuve de notre génie singulier, établissent notre grandeur maintenue, même si nous en mesurons tous au fond de nos esprits le rétrécissement continuel. Très accessoirement, le raisonnement s’accompagné  d’une pensée difficilement avouable: Que seraient donc ces territoires sans nous? De pauvres îlots submergés par la misère et la pauvreté.  Pensée raciste et coloniale qu’il vaut mieux enfouir sous le discours de la générosité. Un référendum aura lieu dimanche (12 décembre) en Nouvelle-Calédonie. Êtes-vous pour ou contre l’indépendance?, sera-t-il demandé aux populations du ter

Anne Hidalgo: la retraite de Paris (2)

Le journal Le Monde du jour (daté du 10 décembre) raconte la réaction de l’entourage d’Anne Hidalgo après l’initiative politique prise par cette dernière.  Petit rappel: mercredi soir, au vingt heures de TF1, la maire de Paris, investie par le Parti socialiste pour l’élection présidentielle du printemps prochain, a réclamé à ses concurrents de gauche l’organisation d’une primaire pour mettre un terme à la division de la gauche et se donner une chance de figurer au second tour.  Proposition irréaliste, évidemment. Les différences programmatiques et culturelles l’empêchent radicalement. En outre, la suggestion émane d’une candidate, Anne Hidalgo, qui navigue entre 3 et 5 % des intentions de vote dans les sondages. Pour cette raison, l’offre ressemble davantage à une recherche de bouée de sauvetage qu’à une grande pensée stratégique susceptible de déboucher sur la victoire. Dans ce contexte, le témoignage de l’entourage de la mairie de Paris, retranscrit par le journaliste Laurent Telo (u

Anne Hidalgo: la retraite de Paris

  A-t-on jamais vu une candidature à l’élection présidentielle aussi désorientée et incertaine? Dans une improvisation qu’elle n’a même pas cherché à dissimuler, Anne Hidalgo, candidate du Parti socialiste, a proposé aux autres candidats de gauche l’organisation d’une primaire (Ou? Quand? Avec qui? Comment?) pour que des cinq candidatures actuelles, il n’en subsiste qu’une. Ricanements et railleries ont répondu à sa suggestion. La manière de lui répondre « non » n’a même pas été polie.  Voici donc Anne Hidalgo devant une alternative déprimante. Logiquement, les refus enregistrés devraient l’obliger à vivre son calvaire jusqu’au premier tour de l’élection présidentielle, le 10 avril 2022. Une perspective que l’on ne souhaite pas à son pire ennemi. Comment continuer à faire campagne alors que, jour après jour, baissent les intentions de vote établies par les sondages. Naguère, la candidate était à 6%. Elle est désormais à 3%. Les études d’opinion ne sondent pas le terrain en dessous de z

Violences faites aux femmes: monsieur le président, changez de discours!

Sur la question des violences sexuelles subies par les femmes, Emmanuel Macron accumule les maladresses et accroît les souffrances. Cette attitude paraît dévoiler - c’est une hypothèse - une incompréhension des enjeux et des douleurs.   Mercredi 1er décembre. Dans ce lieu symbolique entre tous du Conseil des ministres, le président de la République s’exprime sur les violences faites aux femmes. Son propos fait suite au reportage d’Envoyé spécial, diffusé le 25 novembre, sur France 2. Plusieurs femmes racontent à cette occasion le comportement violent de Nicolas Hulot, ex-ministre du gouvernement d’Edouard Philippe, à leur égard. Voici, tels qu’ils ont été officiellement rapportés, les mots employés par le président de la République: « La position du gouvernement sur ce sujet est constante. Nous n’accepterons jamais une société de l’opacité ou de la complaisance. Et nous ne voulons pas non plus d’une société de l’Inquisition. Alors l’enjeu, c’est de faciliter et d’accompagner la libérat

Valérie et Eric, les mariés de l’an II

  Valérie Pécresse et Eric Ciotti ne se quittent plus. Opposés lors du second tour de la primaire des Républicains samedi dernier, ils étaient ensemble durant toute la journée d’hier (lundi 6 décembre) sur les terres niçoises du second. La politique abuse de cette forme de cruauté qui consiste à unir des gens qui ne s’aiment pas, à les obliger à sourire devant des caméras alors que chacun se sentirait mieux chez lui, avec ses amis.  Dans ces histoires où l’affect prend plus de place que les idées, attribuons la palme de la maladresse à Valérie Pecresse. De son compère forcé, elle dit qu’il est « singulier ». Lui qui ne rêve que de notabilité et d’inclusion dans le monde des puissants ne peut que mal vivre cette relégation dans la marginalité où l’enferme son discours sécuritaire et identitaire. Des idées d’Eric Ciotti, la désormais candidate à l’élection présidentielle suggère qu’elles pourraient « pimenter » sa campagne. Réduire ainsi l’élu niçois à une épice ne peut que froisser et v

J’ai vu un monstre

Des meetings politiques, j’en ai vu. A Villepinte, dimanche, lors du premier meeting de campagne d’Eric Zemmour, j’ai vu un monstre. Le mot doit être expliqué. En septembre 2019, lors de la Convention de la droite, appellation pompeuse d’une entreprise sans lendemain de Marion Maréchal, l’encore éditorialiste du Figaro avait livré à la tribune une prestation pitoyable. Epaules en berne, corps penché sur le pupitre, yeux rivés sur ses feuilles, ton monocorde, Eric Zemmour s’était débarrassé à grande vitesse d’un discours outrancier, mal construit, mal maîtrisé, malfaisant.  Dans le Parc des expositions parisien, deux ans plus tard, tout est différent. L’orateur se tient droit. La voix est posée, la respiration maîtrisée. Les mots, dont on devine qu’ils ont été choisis à plusieurs mains, offrent de multiples occasions d’applaudissements. L’orateur a chaussé des lunettes. Il lit un prompteur. Ses yeux regardent le public, il sourit, s’approche du rire parfois. Il ne bouge pas sur la scène