Daenerys Targaryen, l’Imbrûlée; Christiane Taubira, l’Embrouillée

 Sur ma tablette, je visionne actuellement, et pour la troisième fois « Game of Thrones », fabuleuse création télévisée sur le pouvoir, sa conquête et ses cruautés. La prétendante au trône qui lui a été volée, personnage lumineux et charismatique, s’appelle Daenerys Targaryen et parmi ses nombreux titres, ses partisans lui accordent celui de « l’Imbrulée », référence à une scène majeure où, plongée dans le feu avec des œufs de dragons, Daenerys Targaryen en sort indemne, sa peau blanche de blonde n’ayant en aucune manière souffert des flammes. Du cinéma, certes, mais du grand.

Ce matin (samedi 18 décembre), toujours sur ma tablette, j’ai écouté ChristianeTaubira, l’ancienne ministre de la Justice, qui s’était déplacée jusqu’à Saint-Denis, la ville des Rois, pour appeler la gauche à l’union dans la perspective de la prochaine élection présidentielle. C’est en la regardant et en l’écoutant, plongée dans la fournaise de la campagne électorale, que m’est venu à l’esprit le qualificatif d’ « embrouillée », tant son discours l’était, et que par association d’idées, j’ai repensé à l’ « Imbrûlée » qui elle, au moins, allait droit au but. 

Hier (vendredi), dans un entretien Facebook mal filmé, Christiane Taubira a dit qu’elle « envisageait » d’être candidate à l’élection présidentielle, qu’elle ferait le tour des popotes de gauche d’ici au 15 janvier, qu’elle donnerait à cette date son verdict sur une possible union de la gauche entre gens qui se détestent. 

Le tout, hier, a paru cavalier et mal ficelé. Les déjà candidats à l’élection (Mélenchon, Jadot, Hidalgo), vieux caïmans au cuir épais, ont pris acte du brouillard, s’en sont un peu moqués, ont continué leur chemin. Sentant bien que l’escopette avait tiré une balle molle loin de la cible, Christiane Taubira a fait savoir qu’elle serait ce matin (samedi) à Saint Denis, pour relancer, expliquer, estoquer, pourfendre et ébranler. 

Nous y voici à onze heures et des brouettes. L’ancienne ministre a passé un chaud Pageau pour affronter la température, la gorge protégée par un foulard coloré. Elle s’installe face aux caméras, nombreuses, dos à la basilique où reposent les Rois qui n’ont pas toujours bien fait la France (certains ont même fait n’importe quoi). Derrière elle se trouvent des sbires avec des masques anti-covid siglés PRG (parti radical de gauche), celui de feu Bernard Tapie lors des élections européennes de 1994, qui avait embarquée avec lui,  justement, Christiane Taubira. Vieille soupe. Mauvais signe.

Puisqu’elle est à pied d’œuvre, la ministre parle. Elle évoque les souverains qui sommeillent, la République qui souffre, la diversité qui s’épanouit, spécifiquement dans cette ville, et on se demande quand elle va s’arrêter. On comprend que si elle entrait à l’Elysée, la présidence serait bavarde. Au bout d’un moment, les journalistes posent de questions. Elles sont rase-mottes, évidemment, du point de vue de celle qui les reçoit. « Que veut dire envisager d’être candidate »? « Le temps n’est-il pas à l’urgence? » « Accepterait-elle de participer à des débats télévisés? » « Peut-on la considérer comme candidate à part entière? »

Christiane Taubira est polie. Une question, une réponse. Mais les mots qu’elle emploie alimentent les doutes et les incompréhensions. Personne ne sait, après l’avoir écouté, si elle accepte de participer à une primaire pour départager les différents candidats de gauche, ou bien si elle attend d’eux qu’ils se rallient à son panache, ni même si elle sera finalement candidate quelles que soient les circonstances, ajoutant de la confusion à une division qu’elle prétend réduire.

Une fois terminée, Christiane Taubira file pour serrer les mains qui se tendent sur la place de Saint-Denis. C’est ainsi que l’on fait de la politique, en France, à gauche, au début du XXIeme siècle. Parler en public pour ne rien dire, ne rien expliquer à ceux qui attendent pour voter et, on l’imagine, dialoguer dans les couloirs avec un objectif que partagent seuls quelques initiés.

Christiane Taubira est une icône de la gauche, c’est certain. Mais à mettre ainsi les pieds dans la mélasse, patauger dedans sans souci de clarté vis-à-vis des citoyens, elle risque fort d’y laisser et des plumes et son statut. Elle devrait s’inspirer de l’ « Imbrûlée » qui ne s’en laisse pas compter. Certes, je le répète, c’est aussi du cinéma, mais du bon. 

Commentaires

  1. "après l'avoir écoutéE..." il s'agit d'une dame...
    "Une fois terminé(e)" votre phrase est si bancale qu'on ne sait pas si ce qui est "terminé" est du genre féminin ou masculin et dans ce cas le français choisit, pour le moment encore, le neutre donc le masculin.

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