Gisèle Halimi, une femme trop libre pour la France.

 Pour la France d’hier, et spécifiquement pour les hommes de la France d’hier, Gisèle Halimi fut une femme trop libre. Avocate, elle fit par sa seule parole du viol un crime. Militante, elle participa en première ligne au combat pour le droit à l’interruption volontaire de grossesse. Son action changea, change encore, la vie des femmes. Pour tout cela, elle aurait mérité, après sa mort, l’entrée au Panthéon. Les hommes d’aujourd’hui, effrayés par la liberté des femmes comme l’étaient les hommes d’hier, en ont décidé autrement.

Culpabilisés quand même, les hommes d’aujourd’hui ont promis qu’un hommage national serait rendu à sa dépouille dans la Grande cour des Invalides. Généralement, cette reconnaissance suit la mort de près. Dans l’espèce, il fut dit que la cérémonie consécutive au décès survenu le 28 juillet 2020 serait organisée en janvier 2022. Un an et demi de distance. Cela parut beaucoup. 

Les jours sont passés. Nous avons oublié. Mais la famille s’est souvenue. Elle raconte aujourd’hui (23 décembre), dans le journal Le Monde, qu’aucune date n’est plus fixée, que les conseillers du président sont injoignables, que l’engagement pris ne sera probablement pas tenu. Sont-ils surpris? Probablement pas. Ils savaient au fond d’eux mêmes que Gisèle Halimi était trop libre pour les hommes d’aujourd’hui comme elle l’était pour ceux d’hier. 


Addendum. Gisèle Halimi a défendu des combattants du FLN pendant la guerre d’Algérie. La France des droits de l’homme reconnaît à tout individu le droit d’avoir à ses côtés un avocat pour rendre des comptes devant la justice des hommes. Des principes à la réalité, on a entendu l’expression de la haine, lors de sa mort, de la part de ceux qui aujourd’hui encore n’acceptent pas que l’Algérie ait cessé d’être française.

Pour cette raison aussi, inavouée parce qu’inavouable, les portes du Panthéon sont restées fermées. 

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