Violences faites aux femmes: des avancées, des questions

 Des évènements inédits s’enchaînent dans la société française.

Des personnalités connues du public, fameuses, parfois célèbres ou populaires, se trouvent dans l’obligation de disparaître, de se taire, de chercher l’oubli alors qu’elles vivaient de la lumière. Des accusations en sont la cause. Des femmes racontent des histoires qui sont des agressions, des moments où selon elles le désir de ces hommes a supplanté le leur et ignoré leur consentement. Pour une fois, la première, sous des formes diverses, ces femmes sont entendues. Les hommes qu’elles désignent, qui nient les comportements reprochés, doivent se retirer, abandonner le devant de la scène où les avait mené leur talent particulier. Ils ne sont pas obligés de s’expliquer, en tout cas pas devant la société, mais ils ne peuvent plus poursuivre leur vie comme si rien ne s’était produit.

Ces circonstances sont heureuses. Trop longtemps, les douleurs des femmes ont été niées, au nom d’une idéologie de la domination masculine. Celle ci, sans que personne ne se soit risqué à la théoriser, se réfère à un ordre naturel fantasmé: les mâles prennent, les femelles subissent. Et tant pis pour elles si ensuite elles se présentent au travail la peur au ventre. Tant pis pour elles si ensuite leur carrière stagne. Tant pis pour elles si le dégoût les détourne de leur vocation, brise leur optimiste, mine chaque heure de leur vie.

Les prises de paroles auxquelles nous assistons depuis plusieurs mois détruisent ce schéma totalitaire. Un homme qui prend ce qui lui a été refusé doit rendre des comptes. Il est responsable de ses actes. Ni la force, ni l’habitude ne peuvent l’excuser.

Les difficultés commencent là où s’arrêtent ces victoires. Un homme désigné ne peut être tenu pour un homme coupable. C’est pourtant la situation dans laquelle le plonge la dénonciation.

A l’évidence, la société doit être attentive à la parole des femmes lorsqu’elles évoquent les violences subies. L’expression publique qui les libère représente aussi, pour elles, un cauchemar. La honte de l’aveu, les projecteurs braqués sur la vie intime, les moqueries et les questions indécentes - elle portait une mini-jupe? pourquoi a-t-elle attendu quinze ans? - nourrissent une violence que personne ne veut vivre. Pourtant, le témoignage de ces femmes est capital. Il aide la société à prendre conscience du mal souterrain, il donne du courage aux victimes qui ont refoulé le traumatisme et vivent dans le mal être, il participe à une éducation nécessaire des jeunes générations.

Pour toutes ces raisons, le mot d’ordre qui accueille ces prises de parole est simple et volontariste: « On vous croit! » Cette phrase est plus lourde de sens qu’on ne l’imagine au premier abord. Elle dispense celles qui racontent cette triste histoire de preuves et de témoignages. Ce qui est logique puisque des scènes intimes produisent rarement de tels éléments. Seule compte la vraisemblance, le récit effectué publiquement, que d’autres récits, plus tard, conforteront peut-être.

La société agit et réagit ainsi car les violences sexuelles sont d’une nature particulière, à la fois cachées et légitimées par la prédominance d’une culture masculine. Mais le risque existe de la dénonciation calomnieuse, du récit tronqué, de la dissimulation de la vengeance. L’hypocrisie est évidente quand on rappelle que l’accusé conserve sa présomption d’innocence. A l’évidence celle ci est malmenée par l’accusation publique. Mais que faire? La seule alternative possible serait de recommander aux femmes de s’en tenir aux procédures judiciaires, c’est à dire de porter plainte et de se taire ensuite.

Aussi curieux que cela puisse paraître, cette conduite serait aberrante. La prescription des faits empêche le plus souvent la mise en action de la justice. De plus, l’absence de témoignages de preuves rend l’instruction inféconde. Autrement dit, la singularité du crime rend inopérantes des règles et des principes avec lesquels nous avons bâti nos mécanismes de réparation.

Cette vérité dérange. Elle est dérangeante. C’est pourtant en la formulant, en la regardant, que nous devons réfléchir. Si l’on s’en tient au fonctionnement ordinaire de la justice, nous renvoyons les femmes dans un silence éternel. Cela revient d’une certaine manière à mettre sous le compte de la malchance le fait d’avoir croisé dans sa vie un prédateur sexuel, ou un harceleur, les qualifications importent peu et peuvent toutes être regroupées ainsi: un homme qui ne tient aucun compte de l’humanité d’une femme.

Pour que des réparations, même symboliques existent, il fait que la parole des femmes soit publique, donc il faut que tous les citoyens comprennent comment cette parole est une justice, et comment aussi elle peut aider, voire prévenir. Pour celui qui est dénoncé, et déjà accusé, il faut imaginer des mécanismes protecteurs. Les énumérer ici n’a pas grand sens. Le débat doit s’ouvrir et permettre des changements qui seront des progrès.

La seule chose qui est impossible est celle ci: invoquer des grands principes pour demander sournoisement aux femmes de se taire, ou de continuer à se taire.






Commentaires

  1. Pour Bourdin il est accusé d'avoir voulu embrasser une fille dans une piscine avec un peu d'insistance si j'ai bien compris, c'est bien moins grave que le lynchage médiatique qu'il subit

    Pour PPDA toujours des tentatives d'embrasser ou de sexualiser avec un arrêt de tentative lorsqu'il a essuyé des refus donc rien de vraiment condamnable
    A part une affaire où il a fait l'amour à une femme dans une loge qui n'a pas réagit et s'est laissée faire étant tétanisée selon son récit
    Peut on vraiment considérer ça comme un viol si elle n'a opposé aucune réaction négative ?

    Pour Hulot il a l'air plutôt à la limite ca pourrait éventuellement être un violeur à voir

    Mais globalement je trouve ça sordide, des lynchages en règle qui ne sont que le reflet de lhysterie vaginoctratique du nihilisme contemporain qui cherche à détruire la civilisation en inversant la culpabilité chrétienne qu'on avait contre soi pour la retourner contre l'homme, dans une vengeance inconsciente du péché originel

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    1. Je vous que votre pseudo est a l'image de votre message.

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  2. Je vois,pas je vous...pb de frappe

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