Un référendum pour réformer les retraites

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Aujourd’hui : Un référendum pour les retraites  


Parlons clair : le mouvement social est un échec. La France n’est pas bloquée, les défilés ne feront pas reculer le gouvernement. A la fin des fins, le projet de loi réformant les retraites va être adopté. Mais quel malaise ! L’opinion demeure très majoritairement contre. Le Parlement, privé de majorité claire à l’Assemblée nationale, triture le texte dans tous les sens, et le gouvernement, dissimulateur et parfois mensonger, se trouve balloté par des balloté injonctions contradictoires…

Si un vote intervient avant dimanche au Sénat, ce sera au prix de procédures qui cherchent à faire taire les oppositions. Quant à  l’Assemblée nationale, le recours au 49.3 semble probable, pour prix des désordres et des calculs politiciens. Ce sont là les pires conditions de la démocratie…

Pour réparer ces dégâts dont il est comptable, Emmanuel Macron dispose d’une arme simple : soumettre son projet de réforme des retraites à référendum. La question serait celle ci : approuvez-vous ou non le projet du gouvernement ? Clair, net, donc très facilement faisable. 

Les cyniques répondent : ce serait une folie. Pourquoi ? parce que le gouvernement n’aura jamais de majorité. D’abord, personne n’est jamais sûr des urnes. Imaginons que le talent pédagogique saisisse tout à coup Elisabeth Borne et ses amis. Tout est possible pour les esprits conquérants. Ensuite, une défaite ne serait pas la fin du monde. Si c’était le cas, ce serait un refus démocratique, ce qui apporterait de l’apaisement et obligerait à revoir le sujet. 

Pourquoi un référendum serait-il légitime ? D’abord parce que les pouvoirs publics eux mêmes en ont élargi son champ lors d’une révision constitutionnelle de 2008. On nous a alors expliqué la main sur le cœur qu’il fallait consulter plus souvent les Français sur des sujets de vie quotidienne. Belles paroles jamais suivies d’effet. Et quand l’occasion s’en présente, on ne trouvera pas mieux que les retraites, mille bonnes raisons sont avancées pour fuir le sujet. Ce n’est pas cohérent. Ce n’est pas respectueux. Ensuite, lors de la crise des Gilets jaunes, beaucoup de commentateurs, intellectuels, d’hommes politiques et encore beaucoup d’autres animaux pensants, ont expliqué qu’il fallait associer davantage les citoyens à la décision publique, que c’était une attente, une demande. Eh bien, allons-y. 

Enfin, on nous parle maintenant d’une révision constitutionnelle à laquelle réfléchirait le président de la République. Son objectif ? Introduire davantage de démocratie dans un pays qui souffre de verticalité et d’une coupure nette entre les élites et le peuple. Vieux discours rassis auquel on peut insuffler de la sincérité en organisant, tout simplement, un référendum sur les retraites.

En fait, tout justifie le recours à cette outil. Et ceci, encore. Pourquoi Emmanuel Macron n’a-t-il pas de majorité à l’Assemblée nationale ? Parce que quand les électeurs ont été libres de leur choix, c’est à dire au second tour des élections législatives, ils ont majoritairement choisi un candidat député qui s’opposait au président réélu. Donc, il est abusif de dire que la réforme des retraites a été validée par l’élection présidentielle. Il faut rajouter qu’elle a été invalidée par les élections législatives. Voilà un argument supplémentaire pour organiser un référendum dont nul ne peut prédire le résultat, et dont on aurait tort de se détourner par cynisme. La démocratie est une exigence. Soyons à la hauteur de cette exigence.

Étonnant, non ? 


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